Julien Dubochet
Le Musée
A l’entrée de la Vieille Ville, dans l’ancien village de Sâles, un groupe de maisons vigneronnes du XVIIe siècle abrite le Musée de Montreux.
Inscrits à l’inventaire architectural vaudois, ces bâtiments en contigu ont conservé une rare homogénéité architecturale. La Société du Musée, fondée en 1874, achète ceux-ci entre 1914 et 1920 et dès lors présente les premières collections de sciences naturelles et d’objets du terroir.
Au fil des ans, de nombreux objets et documents viennent enrichir ces collections: monnaies, marques à feu, ensemble de rabots et outils de menuiserie, aquarelles du peintre Théodore Renkewitz (1833-1912). Le don récent d’une admirable collection de plus de 2’100 dés à coudre, ainsi que de nombreux objets relatifs au travail de la dentelle et de la broderie ont permis la création d’une salle.
La Société du Musée de Montreux
Vers 1870, on assiste à un renouveau culturel dans le Canton de Vaud, notamment au travers de la restauration de la Cathédrale de Lausanne, de la création de la Commission de sauvegarde des monuments historiques et celle du Comité pour la restauration du château de Chillon. Le banquier montreusien Julien Dubochet, fondateur du musée, fait d’ailleurs partie de cette dernière.
C’est dans ce contexte que des professeurs du collège et des personnalités de Montreux se réunissent le 3 octobre 1873 au domicile et sous la présidence de M. Dubochet. À cette occasion, ils jettent les bases d’une société ayant pour but « l’avancement de l’instruction publique à Montreux ». La première assemblée générale, constitutive de cette société, a lieu le 2 février 1874 dans la salle communale du Châtelard ; ainsi est créé le Musée scientifique d’une part, une Bibliothèque scientifique d’autre part ; de plus, il est décidé de faire donner des conférences « propres à instruire ou à intéresser notre population ».
Le comité élu se compose de MM. Dubochet, banquier, président, Millioud, pasteur, vice-président, Schmidt, pharmacien, caissier, et Ducret, professeur, secrétaire. M. Yung est conservateur et M. Rodé, bibliothécaire.
La préoccupation constante de ces pionniers durant les trente premières années consiste à réunir des collections pour l’enseignement des sciences naturelles et de l’archéologie, à l’achat de livres et à l’abonnement à des revues scientifiques pour enrichir la bibliothèque publique.
Collections et bibliothèques se trouvent rapidement à l’étroit dans deux salles du collège de Vernex jusqu’en 1896 ainsi qu’au Nouveau Collège à partir de cette date. Le comité déborde d’activité, ne ménage ni son temps, ni sa peine, met sur pied les conférences (cinq par an en moyenne). M. Dubochet préside aux destinées de la société jusqu’à sa mort en 1896, avec une seule absence pour raison de maladie !
Jusqu’en 1903, un conservateur et un bibliothécaire, rémunérés à raison de cent francs l’an, font partie du comité, avec voix consultative. À partir de 1904, l’on crée un nouveau poste de conservateur du « Vieux-Montreux ». Le musée scientifique évolue alors en musée historique. En 1909, M. Gustave Bettex (enseignant, homme politique, rédacteur de la Feuille d’Avis de Montreux) est nommé conservateur. Il contribue, avec le vétérinaire montreusien Henri Ravussin, et d’autres personnalités marquantes, à réunir de nombreux objets, témoins de la vie quotidienne locale.
Le besoin de nouveaux locaux se faisant cruellement sentir, M. Bettex prend alors contact avec les propriétaires du bâtiment sis à la rue de la Gare 42 (aile sud du bâtiment actuel). Mme Cardinaux-Dubochet au rez-de-Chaussée et M. Jean-Vincent Vuichoud au 1er étage. Les actes de vente sont signés respectivement les 3 mars et 23 juin 1914. Le déménagement pourrait commencer, mais la Première Guerre mondiale est déclarée, l’activité du Musée est mise en veilleuse en raison de la mobilisation générale et ce n’est qu’en 1920, les 29 et 30 mai, qu’une grande kermesse est organisée au Kursaal de Montreux, afin de récolter les derniers fonds nécessaires au règlement de la vente des immeubles et à l’installation des collections.
L’inauguration officielle du Musée du Vieux-Montreux peut avoir lieu le 28 août 1920, en présence d’un représentant du Conseil d’Etat, des autorités et de nombreux invités.
La période entre les deux guerres mondiales est très difficile pour le Musée de Montreux.
De 1988 à 1991, nous assistons à une grande phase de rénovations et ce grâce aux Communes de Montreux, Veytaux et Villeneuve, à l’État de Vaud, à la population, à des entreprises bénévoles et aussi à des hommes et femmes de bonnes volontés sous l’initiative de M. Georges Linsig, président à l’époque.
En 2003, le Musée du Vieux-Montreux devient Musée de Montreux.
Les bâtiments acquis par la Société du Musée entre 1914 et 1920 se situent au Châtelard dans l’ancien village de Sâles (Rue de la Gare 40 et 42). Celui de tête, abritant le Musée depuis 1920, se distingue par sa tour imposante, de plan rectangulaire et sous laquelle existe un passage, en tout cas dit public en 1838. La présence de cette tour est vraisemblablement à l’origine de la tradition locale, sans fondement documentaire, évoquant cette maison comme un ancien couvent ou aussi une maison forte, le « couvent de Sâles ». Cette tour ne montre aujourd’hui aucun élément fortifié. Sa charpente d’un système à chevrons portant fermes, paraît ancienne. Elle rappelle par exemple la charpente de l’aile est du château d’Yverdon, datée de 1503 par la dendrochronologie. L’architecte Otto Schmid a daté cette tour de la fin du XIVe siècle. Ainsi, on aurait réutilisé une tour existante, antérieure au XVIIe siècle, en y effectuant peut-être certains aménagements intérieurs et en créant peut-être de nouvelles ouvertures. S’agissait-il à l’origine d’une tour fortifiée ? Sa position dans le village de Sâles, l’un des anciens hameaux de Montreux, peut le faire supposer.
Présidence
Laurent Montbuleau
Trésorerie
Roger Vouilloz
Secrétariat
Yves Laurent Kundert
Membres
Antoinette Pasche
Muriel Schaller
Eric Althaus
Délégations des Municipalités
Commune de Montreux
Jean-Baptiste Piemontesi
Commune de Veytaux
Christine Chevalley
Commune de Villeneuve
Léonard Studer
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Gustave Bettex (1868-1921)
Figure importante de Montreux durant la Belle-Époque. Il vient dans cette ville comme instituteur et s’intéresse de suite à la vie et à l’histoire de cette région. Il devient conseiller communal, municipal, député et conseiller national. En 1897, il est secrétaire de la Société des Hôteliers, il prend part à l’organisation des premières Fêtes des Narcisses dont il est secrétaire. Rédacteur de la Feuille d’Avis de Montreux, il publie plusieurs ouvrages sur Montreux et le Léman.
Entré au comité du musée en 1909, il donne immédiatement une impulsion à son développement. Il a l’idée de la création du Musée du Vieux-Montreux, sans les collections scientifiques laissées au Collège secondaire. Conservateur, principal artisan de l’achat des immeubles du musée, il est secondé par Henri Ravussin. Il a hélas juste le temps de vivre l’inauguration du nouveau musée en 1920 avant de mourir.
Texte écrit par M. Raymond Jenny en 1991.
Henri Ravussin (1869-1940)
C’est aussi à lui que l’on doit l’installation du Musée de Montreux dans les bâtiments actuels en 1920 et 1921. Il en a été, dès cette date, le conservateur jusqu’à son décès en 1940.
Né à Baulmes, le 14 juillet 1869, il suit ses écoles primaires et secondaires dans cette localité ainsi qu’à Yverdon puis il se rend à l’Université de Lausanne et sort diplômé de l’école vétérinaire de Berne en 1891. Après divers stages à l’étranger, il vient à Montreux lors de la création des nouveaux abattoirs de Clarens en 1911-1912 comme vétérinaire de cet établissement. Il s’intéresse très tôt à la vie locale et rurale de cette région.
À l’armée, il atteint le grade de colonel et en 1940, il prend le commandement de l’infirmerie pour chevaux No 3 à Bulle.
Par sa profession et ses contacts avec les agriculteurs de toute la région, il a souvent l’occasion de récolter de nombreux anciens objets agricoles trouvés dans les greniers et galetas qui, aujourd’hui, font la richesse du musée. Il se spécialise dans les « marques à feu » des vieilles familles montreusiennes. En 1921, il obtient le 2ème prix du concours de la Société suisse des Traditions Populaires pour son travail sur « Les marques vaudoises ». Cet ouvrage est publié in extenso en 1923 dans l’organe des Traditions Populaires. Il est correspondant pour la Société d’histoire de la Suisse romande. Il écrit aussi différentes brochures : la vie rurale à Montreux, les fers à gaufres et les greffes animales.
Il collabore avec le Professeur Paul Niehans – pionnier de la thérapie cellulaire à La Clinique La Prairie.
Texte écrit par M. Raymond Jenny en 1991.
Raymond Jenny (1906 – 2000)
Il naît à la maison Joffray, à Territet, une des plus anciennes de l’agglomération montreusienne.
Orphelin de père à l’âge de sept ans, le petit Raymond vit avec sa mère, à Veytaux. Elle est tenancière de l’hôtel du Château de Chillon (l’actuelle Taverne du même nom).
Comme il le dit lui-même, il est toujours « fourré » au château. Par chance, il peut observer le peintre Correvon, en train de restaurer des peintures murales. Déjà à cette époque, il s’intéresse à l’héraldique.
Il acquiert une formation de menuisier, métier qu’il exerce d’abord chez Held, puis chez Moraz. À dix-huit ans, il s’engage dans le corps des pompiers des Planches ( un des 21-22 villages constituant Montreux avant 1962) et gravit tous les échelons dans ce domaine jusqu’à devenir inspecteur de district du Service de défense contre l’incendie.
À la retraite, Raymond Jenny peut consacrer à l’histoire tout le temps qu’il désire. Fréquemment, il se rend aux Archives communales et au Musée de Montreux. Pour ce dernier, il déploie une riche activité : membre du comité, il participe à la rédaction du Bulletin de cette société et effectue des travaux de menuiserie.
Dans ces deux institutions, il trouve des documents qui lui permettent la rédaction d’une soixantaine de chroniques publiées dans le journal local de 1966 à 1991, ainsi qu’un ouvrage, en collaboration avec le pasteur Gaston Wagner : « L’Église paroissiale St-Vincent de Montreux », éditions Corbaz S.A, 1983. Le Musée de Montreux perpétue sa mémoire en lui consacrant la salle des travaux du bois à la réalisation de laquelle il a beaucoup travaillé. Les Archives communales ont fait de même : la belle et grande salle de lecture de l’immeuble de Clarens porte le nom de l’historien local.
C’est à Raymond Jenny que l’on doit l’idée de reproduire neuf armoiries sur la façade de la dernière maison au haut de la rue du Midi, côté montagne. On y découvre notamment celles des maîtres de la région, de la République lémanique, du canton de Vaud, des Planches et de Montreux.
La Municipalité était bien consciente de la riche contribution de Raymond Jenny à la recherche historique de Montreux. Aussi lui décerna-t-elle, en 1994, la Reconnaissance de la Commune de Montreux.
Texte écrit par M. Jean-Edouard Blanc en 2001.
Julien Dubochet
Milloud
Schardt
Buhrer
Maillard
Badoux
Hierholtz
Dr Chatelanat
Barbey
Chs.-Gab. Margot
J. Pilivet
F-B Maillard
Louis Mamin
Dr Vuichoud
Pierre Vincent
Robert Chessex
Georges Linsig
Françoise Schorderet
Jean-Edouard Blanc
Françoise Schorderet
Laurent Montbuleau
Robert Chessex
Président de 1976 à 1986
Georges Linsig
Président de 1986 à 1998
Jean-Edouard Blanc
Jean-Pierre Loosli
Conservateur – archiviste
de 1991 à 2012